Antoine de Roquefeuil succéda à Catherine, sa mère, vers 1409. Quoique né de Blanquefort, il prit le nom de Roquefeuil. Il vint, en 1409, de ses terres du Quercy et du Rouergue pour prendre possession de la Baronnie du Pouget. Les habitants saisirent ce moment pour lui demander la facuIté d'avoir des consuls, honneur dont ils se disaient privés depuis la disparition des rois de Majorque. Ils représentèrent, à cet effet, que la ville du Pouget avait toujours été une des plus importantes de celles de la Baronnie d'Aumelas, et que, dans le passé, mais surtout pendant la période des rois espagnols, elle avait eu trois consuls, avec les attributions du consulat. Ils sollicitèrent, on outre, la garde des clés du lieu et le maintien de leurs franchises. Antoine, comme don de joyeux avenement, leur accorda ce qu'ils demandaient. La concession fut faite, de grace apdciale, avec le conseil et on présence du seigneur d'Arpajon, oncle et beau-père d'Antoine, dans l'église de Sainte-Catherine, au lieu du Pouget. Parmi les témoins se trouvaient nobles hommes Jean Delfers, Amblard de Bar, GuilI. Fraisse, Hugues Prunet, Sicard de Cantobre, écuyers des seigneurs d'Arpajon et de Roquefeuil, Guillaume Boulegou, prêtre de Saint Jean-de-la-Blaquiére, et Pierre du Puy, prêtre de Puy-La-cher. Le Roi confirma aux consuls et habitants les concessions faites par le seigneur Antoine, et leur promit sa protection, tant que le village reconnaitrait ses propres officiers, les menaçant, dans le cas contraire, de les replacer dans les conditions d'où ils étaient sortis . A peine installé au Pouget, Antoine de Roquefeuil songea à se libérer vis-à-vis de sa tante, Isabeau de Roquefeuil, veuve de Guillaume, seigneur de Clermont-Lodéve: le parlemènt de Paris, l'avait condamné à lui payer sa dot qui était de 7,000 liv. tourn. Dans ce but, il obtint du Roi la permission d'aliéner quelques-uns de ses châteaux de la Baronnie du Pouget, attendu qu'il n'aurait pu traiter convenablement pour ses terres du Quercy, envahi par les Anglais. Le Roi, en considération, disait-il, des bons et gracieux services que ses ancêtres avaient rendus à la France, consentit à la vente du château de Tressan et autres. Le nouvel acquéreur de Tressan fut Jean de La Vergne, évêque de Lodève. Pour le prix de 2,000 liv. tourn.,il entra en jouissance de la terre et de la juridiction de Tressan, libre de toutes servitudes et pensions, Si ce n'est de celle d'une chapellenie, sous l'obligation de faire hommage au vendeur et à ses successeurs, à raison du fief franc et honoré du château de Tressan. L'acte de vente fut passé, le 21 janvier 1410, dans le palai. épiscopal de Lodève, en présence du Rév. Pére d'Arpajon, abbé du monastère de Ville-montis, au diocèse de Vabres du chevalier Hugues, seigneur du lieu de Ponte-Lapideo, de Charles de Frontignan et de Marquis de Mandagout, qui formaient le conseil d'Antoine, et encore du vén. Jean Solent, chanoine, et de plusieurs bènéficiers de l'église de Lodéve . Le seigneur Antoine de Roquefeuil céda aussi le 24 janvier 1410, tous les droits qu'il avait sur le chateau de Montarnaud et sur les hommes non nobles de ce lieu à Jean de Montlaur, seigneur do Murles, au diocése de Maguelone; il lui accorda encore les usages qu'il pouvait prétendre sur le village de Saint-George, prés Pignan; le tout en fief franc et honoré, l'hommage réservé au Roi. Il fut stipulé que Jean de Montlaur pourrait disposer de ces biens, à son gré, pourvu qu'il eût pris conseil du Roi, et qu'il fut disposé à lui payer les lods. Le prix de la vente étant fixé à 350 liv: tourn. le quint denier ou lods se montait à 70 liv.; mais, de grâce spéciale, et à cause des services jadis rendus par l'acquéreur, le lauzime ne fut pas exigé. Philippe de Prades, receveur du roi à Montpellier, eut ordre d'en faire la remise. Les Consuls du Pouget élevèrent leurs prétentions jusqu'à vouloir soustraire le lieu do Lestang à la juridiction de son juge, contestant à Leudegaire Saporis ses droits de Haut-Justicier. Le seigneur de Lestang s'adressa, en 1414, au Roi qui délégua le gouverneur de Montpellier pour vérifier ses droits et, s'il y avait lieu, le confirmer dans la juridiction qu'on lui refusait. Les titres de 1371, 1378 et 1381 démontrèrent victorieusement que le seigneur de Lestang tenait du sieur Arnaud do Roquefeuil, Baron du Pougét, la pleine et entière juridiction, et sur la réquisition de Saporis les insignes de son pouvoir furent établis dans sa terre. Le gouverneur de Montpellier commit un certain Sadet, chargé de l'entretien des routes, pour bâtir un pilier et y planter le bois, percé de trois trous, où l'on devait attacher les criminels. Le pilori fut dressé on présence du procureur du Roi et des nobles Pierre de Montdardier et Hugues do Murasson, damoiseaux, de Jean Borghèse, chanoine de Gap, de Bernard Pastre clerc de Saint-Pons-de-Thomiéres, et autres. La juridiction de Lestang était désormais assurée, mais la rivalité entre le Pouget et Lestang n'était pas éteinte. Le Pouget, en effet, suscita, on 1425 et 1429, des querelles à Lestang, soit à l'occasion des tailles, soit à l'occasion de la dépaissance des troupeaux; mais il n'eut pas toujours un parfait gain de cause. (Arch. de Lestang).
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