JEAN DE ROQUEFEUIL.

 

 

Jean de Roquefeuil était seigneur du Pouget en 1430. Le 31 mars, Jacques Saporis, ou d'Aramon, lui notifia en parlant à la personne de Jean André, son baïle, la mort du selgneur Leudegaire Saporis et le testament par lequel il était lui-même institué son héritier; cela, à l'effet d'obtenir l'investiture du fief de Lestang. André, sous prétexte que le Baron n'était pas dans le pays, renvoya Jacques à un jour déterminé pour pouvoir lui donner une réponse. Au jour indiqué, celui-ci fut bien reçu par le procureur de Jean de Roquefeuil, mais la décision du seigneur fut ajournée. L'héritier de Leudegaire ne se rebuta point; seulement au lieu de reparaitre lui-même, il envoya, en son lieu et place, un fondé de pouvoirs. Le lieutenant du baïle parut étonné de ne pas voir Jacques en peysonne. Jacques vint lui-même quelques jours aprês, mais il fut renvoyé au Baron.

Le sieur de Roquefenil était dans le Rouergue, pays distant du Pouget de six à sept jours de marche, situé en dehors de la sénéchaussée de Carcassonne et éloigné de la Cour de Montpellier, dont relevait le lieu de Lestang; circonstances qui dispensaient légalement le vassal de courir à la poursuite du suzerain. On imposait ainsi à Jacques l'obligation de faire un voyage pénible, et même dangereux, car il lui fallait traverser des lieux maltraités par les hostilités des Anglais. L'héritier de Leudêgaire donna au sieur de Saint-Privat commission d'aller offrir son hommage au seigneur de Roquefenil ; Jean répondit que sous peu de jours, il devait se rendre au Pouget, et qu'il admettrait Jacques au serment de fidélité.

Cependant l'an et le jour flxés par les lois pour obtenir l'investiture de tout fief touchaient à leur terme, et le seigneur du Pouget n'était point dans le chef-lieu de la baronnie. Le malheureux Saporis voulait à tout prix éviter le reproche de n'avoir pas fait preuve d'une soumission entière et aussi se garantir contre le caprice du suzerain, Il chargea le sieur Raymond de Saint-Martîn de réclamèr pour lui 'investiture de sa terre, à titre de fief franc et honoré, ou autrement selon les anciennes reconnaissances, et de faire dresser procès-verbal de l'accueil bon ou mauvais que le sieur de Roquefeuil ferait à sa démarche. Raymond de Saint-Martin prit la route de Rhodez1 pénaîtra jusqu'auprès du Baron, mais ne parvint pas à lui persuader de faire son~devoir; ce dont il fit prendre note.

Trois ans après, le seigneur Jean se trouvant un jour à Saint-Aman~de-Teulet, Jacqnes se présenta pour faire son hommage; il fut renvoyé à quinzaine, et quand, les quinze jours expirés, il vint de rechef vers le Baron, les gens du sieur de Roquereuil eurent ordre de lui faire savoir que leur maitre n'avait pas encore pris conseil . Aprés cela, il n'est plus question,dans les papiers, ni de Jacques Saporis,ni du lieu de Lestang jusqu'en 1463 Lestang était passé, à cette date, nous ne savons de quelle manière, aux mains des sieurs de Castelnau de Guers.

L'hommage, que Jean de Roquefeuil rendit au roi en 1436, est relaté dans la pièce suivante, que nous rapportons en entier à cause des détails qu'elle renferme sur le compte du seigneur du Ponget. " Charles, par la grace de Dieu, Roy de France, à nos amés et féaulz gens de nos Comptes, Trésoriers, Procureurs et Clercs des fiers en nos sénéchaussée. d'Agenois, de Rouergue, de Beaucaire et de Carcassonne, salut et dilection, Sçavoir vous faisons que notre amé le RoqueFeuil, seigneur desdits lieux, nous a fait aujourd'hui foy et hommage, que tenu nous estait faire, à cause de ses baronnies de Blanquefort et de Combret, avecque leurs appartenances et dépendances, et généralement de tout ce qu'il peut tenir de nous, esdites sénéchaussées d'Agenois et de Rouergue et semblablement nous a fait les foy et hommage, que tenu nous estait faire, à cause des villes et ehasteaux de Valgarnine, Holmessas, Treuc, le Pouget, Saint-Bauzille, Pouzols, et de la moitie de Saint-Amans, et de leurs appartenances et dépendances, et généralement de tout ce qu'il péut tenir de nous, esdites sénéchaussées de Beaucaire et de Carcassonne, tenu nuement de nous; auxquels foy et hommages nous l'avons reçu, sauf notre droit et l'aultruy. Si vous mandons et à chacun de vous, comme à luy appartiendra, que, pour cause desdits hommages non faits, Vous ne faites, ne donniez, ne souffriez estre fait audit Jehan de Roquetèuil aucun empéchement..., pourvu qu'il baille par escript et dans temps deub son dénombrement et adveu, et qu'il fasse et paie les autres devoirs... Donné à Montpellier, le 23 mars de l'an de grâce 1436,et de notre rêgne le 15e, soubs notre scel, ordonné on l'absence du grand. De par le Roy, l'archevéque de Tonlouse. " (ArcA. de Lestang).

Saint-Amans de Teulet avait en ce temps-là pour prieur un homme distingué : c'était Bertrand de Brisson, moine d'.4niane. Il fut élu abbé d'Aniane, en octobre 1443. Son élection fut confirmée par Rohert de Rouvres, évêque de Maguelone, et par Jean de Harcourt, archevêque de Narbonne, sur la demande des religieux. Bertrand fut préconisé par le souverain pontite.

Mais Jean Armandi avait été nommé parle Roi à l'abbaye.

Le prieur de St-Amans eut beau envoyer des procureurs pour soutenir ses droits en cour romaine; les religieux en appelèrent en vain des Lettres-royaux, adressées à Jean, au conseil du Roi et au parlement de Paris, Bertrand dut céder l'abbaye à son concurrent. (Fr. Pont. 365, dioc. de Montp.). Jean Armandi avait été abbé de St-Thibéry. Il se démit de sa nouvelle dignité on 1452, en se réservant les lieux dAspiran et de Saussan.

Déodat de Avento, prieur de Saint Amans de Teulet, fit hommage à Remy de Marimond, gouverneur de Montpellier et d'Aumelas " ad causam temporalitatis d. su prioralus, necnon medietatîs justitie medie et basse d, loci de Sancto Amantio , 17 feb 1463. ".

On contesta au seigneur du Pouget les droits de péage qu'il prélevait dans les divers lieux de sa juridiction. Pour les maintenir, il eut recours au Roi, qui donna ordre à ses sénéchaux de se faire présenter les titres que le seigneur pouvait avoir, et voulut méme que, à défaut des titres détruits ou égarés, ils prissent en considération la durée de la possession; de telle sorte que si, depuis un temps immémorial, les ancétres dudit seigneur avaient joui des péages, ce dernier fût maintenu dans la même faculté que ses devanciers. (Lettres du 1er avril 1457. Arch. de Lest.).

Jean de Roquefeuil était encore maître do la Baronnie on 1463. Le 25 février do cette annêe, il fit acte de prestation de serment de fidélité au gouverneur de Montpellier. Nous n'avons à enregistrer auqu'un fait saillant accompli dans la baronnie du Pouget pendant l'administralion de ce seigneur, ce qui semble indiquer que le Pouget fut tranquille.

 

 

 

Les Roquefeuil