Jacques II de Majorque à Aumelas

Et la prise du Pouget par Arnaud de Roquefeuil

 

L'infant Ferrand seigneur D'Aumelas décéde en 1346 sans postérité. Son Frére Jacques de Majorque prend possession d'Aumelas. La vicomté rentra dans le domaine des seigneurs de MontpelIier, dont elle n'avait cessé de dépendre à titre de fief.

La mauvaise situation de Jacques avait empiré depuis I342; Le roi Pierre d'Aragon accusa son bean-frere de félonie pour avoir voulu se liguer contre lui, soit avec le roi de France, soit avec l'empereur du Maroc et fit annoter tous les domaines qu'il tenait de lui en fief au-delà des Pyrénnées. Ne trouvant pas suffisante la soumission que lui fit Jacques, il se disposa à l'attaquer lui-même dans son ile de Majorque, 1343. Clément VI arrêta un moment Pierre dans son dessein. Mais bientût ce prince, qui avait résolu de dépouiller Jacques de ses possessions, entra on Roussillon. Jacques chercha alors à se faire des fonds pour repousser son adversaire : il proposa la vente de Montpellier et d'Aumelas à quelques cardinaux, et à défaut de vente, il offrit l'engagement de ses terres. Pierre, de protester auprês du pape contre l'aliénation projetée, mettant en avant sa suzeraineté et son droit de commise. Il s'adressa aussi au roi de France pour le mettre dans ses intéréts. Phillippe dc Valois, défendit aux habitants dc la Baronnie de suivre Jacques contre le roi d'Aragon.

Il n'y avait d'autre ressource pour le roi de Majorque que celle d'implorer la clémence de Pierre. Le pape plaida bien en sa faveur, mais rien ne put détourner Pierre de son dessein ; il fit la conquête du Roussillon, 1344,

Pendant le siège d'Elne, Arnaud de Roquefeuil, un des pIus vaillants et des plus riches chevaliers de France, vint offrir à Pierre ses services contre le roi de Majorque.

Jacques avait à compter avec ce puissant seigneur il avait fait périr son jeune fils, Bernard, d'une manière barbare, Zurita dit que Bernard, qui était auprès de Jacques en qualité de page, fut tué par ses ordres cruels : fue muerto per su mandato crualmente.

D'Aigrefeuille r'apporte ainsi le meurtre du fils d'Arnaud " Nos Mémoires racontent que le roi Jacques étant venu à Montpellier, en 1343, pendant qu'il était poursuivi le plus vivement par le roi d'Aragon, voulut, pour dissiper ses ennuis, donner un bal dans le palais qu'il occupait, et qui est encore appelé le Palais du roi de Majorque. On raconte donc que le roi étant à table, Bernard de Roquefeuil, qui lui servait à boire, répandit du vin sur un habit de satin blanc que le roi portait ce jour-là; de quoi, il fut si irrité, qu'en le repoussant brusquement, il le blessa du couteau qu'il tenait à la main et lui fit une blessure dont il mourrut peu de temps après". (H. de Mont., p. 138). D'Aigrefeuille contredit Zurita; nous nous permettrons de contre-dire d'Aigrefeuille sur la question du lieu où se commit le meurtre. D'aprês une pièce conservée à Lestang, intitulée cédules appellatoires d'Arnaud de Roquefeuil contre les nobles du Pouget, datées de 1351, ce serait à Perpignan, et non à Montpellier, que l'infortuné Bernard aurait été la victime de la violence du roi.

On comprend la douleur d'Arnaud de Roquefeuil. Il jura de venger la mort de son enfant, et c'est dans ce but qu'il présenta à l'adversaire de Jacques deux cents hommes d'armes équipés à ses frais. Remercié par Pierre d'Aragon, qui n'avait pas besoin de son concours, il se prépara, de son côté, à faire lui-même la guerre au roi de Majorque.

Cependant Pierre d'Aragon voit venir à lui en suppliant le roi de Majorque. Profitant de sa supériorité sur le malheureux Jacques, il lui impose des conditions de prix si dures qu'elles ne peuveut être acceptées. Jacques tentera tout pour conserver la dignité royale dont on exige le sacrifice de sa part. Il se rend auprès du pape, son protecteur. Clément VI ne peut obtenir de Pierre d'Aragon autre chose, en sa faveur, que la faculté pour la reine Constance d'aller rejoindre son mari à Moutpellier, 1345. Jacques a encore la douleur de voir ses vassaux punis par le roi de France pour avoir embrassé sa cause.

Jacques de Majorque, prince d'une énergie peu commune, prend la détermination de lutter contre ses ennemis au prix de tous les sacrifices pour sauver ses possessions du RoussilIon et son île de Majorque. Dès ce moment, il va songer à se procurer des fonds et à se gagner l'esprit et le coeur de nos populations. Mais avant de tenter son suprême effort, il voudra régler les affaires de sa Baronnie et les siennes propres.

La colère d'Arnaud de Roquefeuil était loin d'être apaisée, et il y avait à craindre une nouvelle complication dans les affaires du roi de Majorque. Le pape Clément intervint alors eut lieu un traité de paix dont les conséquences furent considérables pour la Vicomté d'Aumelas. Arnaud consentit à renoncer à toute hostilité contre le roi, et celui-ci lui céda les châteaux du Pouget, de Saint-Bauzille et de Pouzols, qui devaient fournir 360 feux, 10 hommages nobles et des revenus dont le chiffre était fixé. Dans le cas où ces châteaux ne pourraient présenter les avantages promis, les autres lieux de la Vicomté, les plus voisins d'Aumelas, étaient appelés à leur venir en aide.

Le cas d'insuffisance s'étant présentè , le roi Jacques assigna à Arnaud les lieux de Montarnaud et de Vendémian avec leurs mandements, juridictions, droits et libertés, et les fiefs en dépendants, comme aussi les fiefs, ressorts et, droits de toute nature des lieux de Saint-Amanss-de-Teulet, de Popian, de Tressan, d'Adissan, de Jourmac, de Carabottes, de Cabrials et d'Àussargues, tous compris dans la Viconité . C'est avec une profonde émotion qu'on lit les lettres par lesquelles Jacques déchargea ses sujets du serment de fidélité et leur recommanda d'être soumis au chevalier Arnaud, son parent, avril 1349.

Les officiers de Philippe-de-Valois s'empressèrent de lui dénoncer la cession faite par Jacques, et de lui représenter que " telles vicomtés et baronnies ne pouvaient être démembrées sans son autorité ". Philippe ordonna la saisie, et voulut qu'on nommât une commission pour régir les biens mis sous sèquestre. Mais en considération du pape, qui intervint de nouveau en faveur du sieur de Roquefeuil, le roi de France donna main-levée de la saisie par les lettres-patentes du 12 mai 1349. Toutefois, l'exécution des non-veaux ordres royaux fut retardée de quelques mois, après lesquels Arnaud prit possession du Pouget.

 

 

Les Roquefeuil